Troubleshooting est une série dont les intentions peuvent, de prime abord, paraître floues – sous l’image imprécise d’un écran dont on perçoit parfois la trame figure une définition laconique, en français ou en anglais. De fait, elle se joue de la rigidité potentielle du cadre photographique ou lexical. Les visuels sont des recadrages ou détails, pas nécessairement identifiables, de films, publicités, émissions… s’affichant sur la télévision ou l’ordinateur. On peut apercevoir les pixels, remarquer parfois des effets de balayage, de moirage ou de reflet, noter des défauts dans la perspective ou la mise au point. Les textes, brouillés, sont le résultat de combinaisons entre les différents sens et origines des mots « trouble » et « shooting », dans la langue de Molière ou de Shakespeare. Équivoques, ils ne sont en aucun cas assimilables à une légende.
Sachant que troubleshooting signifie « résoudre des problèmes », Marcel Bataillard s’attaque ici littéralement à l’idolâtrie et à la textolâtrie. Plutôt que de se satisfaire de représentations convenues et de formules toutes faites, il programme de provoquer des dérèglements dans la fabrication des images et des textes et aussi dans leurs rapports mutuels, se plaçant sous le patronage inspirant de Vilém Flusser pour qui « être libre, c’est jouer contre l’appareil »*.
* in Pour une philosophie de la photographie. Pour Vilém Flusser, philosophe né à Prague en 1920, mort en 1991, « la visée des textes est d’expliquer les images ; celle des concepts est de rendre compréhensibles les représentations. »
Photographies
Dimensions variables
[2013-2016]